L’éthique en entreprise

Ces dernières années, nous avons vu fleurir les chartes et codes éthiques dans les entreprises et se généraliser la notion de responsabilité sociétale de l’entreprise.

Nous pouvons nous réjouir de ce phénomène, qui traduit bien plus que la prise de conscience du rôle et de la nature de l’entreprise : il montre aussi qu’à une époque où les idéologies ont reflué, les institutions normalement porteuses de sens et de morale ne suffisent plus pour produire et actualiser le discours de valeurs.

Cependant, est-ce si naturel, pour l’entreprise, de se mêler de morale ? N’y a-t-il pas des effets secondaires et des risques ?

En préparation au développement des procédés axiologiques (sur les valeurs) dans la méthodologie d’entreprise, un papier vient d’être publié par Dominique VAUQUIER sur le site du Praxeme Institute.

  • Constat : le discours sur les valeurs ; les risques et les enjeux ;
  • Problématique : la morale en entreprise ne va pas de soi ; elle se heurte au fait que l’individu y est considéré comme une ressource, en contradiction avec l’impératif catégorique qui veut que l’être humain doit toujours être considéré comme une fin en soi, jamais comme un moyen (Emmanuel Kant). C’est une bonne chose que l’éthique se développe au sein des entreprises, mais elle ne pourra jamais être sincère que si on affronte son caractère problématique.
  • Méthodologie : le papier présente les procédés “Élucider les valeurs”, “Négocier les valeurs” et la grille d’analyse des modèles éthiques.

Voir : page du site du Praxeme Institute.

Avertissement : ce document n’est pas un élément de la méthode, mais une réflexion préparatoire. Les procédés seront développés en fonction des contributions et des opportunités.

Méthodologie d’entreprise

Tout le monde en convient : l’entreprise est un objet complexe, tissé de multiples déterminations, obligé sans cesse de s’adapter à un monde changeant. Comment penser cette complexité ? Comment tout dire de l’entreprise sans risquer d’omettre un facteur décisif ? Comment trouver les bonnes idées qui vont assurer l’avenir ?

Il serait illusoire de croire qu’une formule unique, tel un charme magique, suffirait à appréhender cette réalité complexe. Nous devons convoquer de nombreuses disciplines et articuler des expertises variées. Pour les mettre en synergie, nous devons les couler dans un cadre interdisciplinaire, cohérent et capable de tirer parti de tous les apports. Cette exigence définit la méthodologie d’entreprise.

Praxeme est la méthodologie d’entreprise, issue de l’initiative pour une méthode publique. Elle repose sur une analyse du Système Entreprise et de sa logique interne. Les procédés qu’elle propose couvrent tous les aspects de l’entreprise, de l’éthique à l’infrastructure, de la connaissance à la logistique, en passant par les processus et l’organisation.
C’est une chose de disposer des méthodes pour chaque aspect de l’entreprise (les méthodes pour les stratèges, celles pour les organisateurs, celles pour les informaticiens ou les comptables, etc.) ; c’en est une autre de les articuler soigneusement afin d’obtenir une chaîne de transformation harmonieuse. Le souci originel de Praxeme est justement de répondre à ce besoin de coordonner des spécialités disparates, également légitimes et nécessaires, mais qui communiquent difficilement.

Ce besoin, le dirigeant d’entreprise ou d’administration le ressent en premier lieu, d’autant plus fortement que son organisation est confrontée au changement. Face à l’hétérogénéité des propositions, le décideur recherche un cadre général qui optimise l’investissement : s’il porte l’effort sur un point de la chaîne de transformation, s’il sacrifie aux sirènes du moment, il lui faut la garantie que cette action s’inscrive dans un plan plus vaste, déployé dans toutes les dimensions de l’entreprise. Il cherche également les moyens de stimuler l’innovation, non seulement en reprenant les recettes de ses concurrents ou en adoptant les dernières technologies, mais aussi en revisitant le métier, en se décentrant, en se réinventant. Or, la psychologie humaine, les forces de conservation, les jeux d’acteurs… tout conspire pour empêcher cette transformation.

Aussi est-il d’une absolue nécessité de disposer d’une méthode qui révèle les phénomènes à l’œuvre et qui offre les moyens concrets de les dépasser. Le premier apport de Praxeme consiste en la prise de conscience de la complexité et la reconnaissance des univers cognitifs qu’il faut relier et mettre à contribution. Éthique, terminologie, métrologie, modélisation, sociologie, architecture de systèmes sont quelques-unes des disciplines qui permettent d’approcher la réalité de l’entreprise. Elles produisent des représentations que la méthode aide à formaliser et à relier. Par exemple, la conception des processus s’inspire des exigences éthiques, c’est-à-dire des valeurs déclarées par l’entreprise. Ou encore, le système informatique découle des modèles métier, selon des règles de dérivation qui garantissent son alignement et son agilité.

Praxeme a été appliquée à des échelles variables et dans tous les secteurs d’activité. Les applications incluent la refonte des systèmes d’information, l’innovation dans les systèmes d’armement, la modélisation des systèmes de transport, l’évolution des pratiques, la convergence entre systèmes ou métiers d’une fédération d’entreprises, l’interopérabilité. L’administration française, pour mener ses grands programmes de modernisation de l’action publique, recommande l’usage de cette méthode.

Étant donnée son ambition, Praxeme est un chantier permanent. L’initiative se veut ouverte, au double sens où elle accueille les contributions et où elle met à disposition ses résultats, libres de droits. Une première version est disponible sous la forme de guides méthodologiques qui posent les fondements. La version 2 est en cours de rédaction et complète le corpus par des fiches de procédés destinées aux différents acteurs des transformations.

Le Praxeme Institute, association sans but lucratif et reconnue d’utilité publique, coordonne les travaux et veille au respect de l’esprit d’ouverture.
Pour plus d’information :

Dominique Vauquier

Aspects et vues

La Topologie du Système Entreprise, le cadre de référence proposé par Praxeme, identifie des aspects. Cette notion a souvent soulevé des questions ou a été confondue avec celle de vue. Le terme “vue” est le plus utilisé dans la littérature méthodologique des deux dernières décennies. Ce billet précise les deux notions et justifie le maintien du terme “aspect” aux fondements de la méthodologie d’entreprise.

Vue

Sources : « vue » et « point de vue » dans IEEE Std 1471-2000. Cigref et Club Urba.
Une vue suppose un acteur qui regarde. Elle donne accès à une partie de la réalité observée, à partir du point de vue de cet acteur. Elle exprime donc la subjectivité : la situation du sujet face au réel. Son avantage réside dans la communication puisque, justement, elle s’établit par rapport aux besoins et au langage d’un certain type d’acteur.

Niveau

La méthodologie, notamment avec Merise, a longtemps parlé en termes de niveaux d’abstraction ou niveaux de préoccupation. Ces niveaux étaient clairement distincts des vues, lesquelles étaient également définies, à la même époque et dans les mêmes méthodes. Alors, les niveaux étaient donnés comme plus fondamentaux, plus essentiels que les vues. Ces méthodes définissaient d’abord les niveaux comme exprimant la structuration interne du système. Les vues étaient ainsi définies secondairement dans leur rapport aux acteurs et pour des besoins de communication. Par exemple, Merise distinguait les « vues externes » du modèle de données : celui-ci donne la structure de données complète et normalisée, tandis que celles-là en présentent un extrait, éventuellement dénormalisé, pour un certain usage.
Le terme « niveau », néanmoins, était malheureux dans la mesure où il infère une certaine idée de hiérarchie donc de valeur.

Aspect

Il est évident, en tout cas, que nous avons besoin de deux notions. Quand nous regardons un cube, par exemple, nous n’en voyons jamais toutes les faces. Nous pouvons nous en former plusieurs représentations, en prendre plusieurs vues et il nous faudra tourner autour de l’objet pour en percevoir toutes les faces.
Quand nous cherchons à nous représenter complètement le cube et à articuler les vues, il est bon de savoir que cet objet possède six faces, même si cette idée ne nous est pas donnée par l’expérience mais par l’entendement. La géométrie vient avant le dessin.
Le cadre de référence au fondement de Praxeme vise l’organisation interne du Système Entreprise, indépendamment de qui l’observe. C’est un préalable pour maîtriser la masse des connaissances, des informations et des décisions qui portent sur cet objet complexe. Nous cherchons à en dégager la logique interne, en préalable à tout développement méthodologique et bien avant de traiter les questions impliquant les acteurs : responsabilité, organisation de la transformation, communication, etc. Ce faisant, Praxeme s’inscrit dans la filiation de Merise par opposition aux méthodes anglo-saxonnes qui, au fil des décennies, n’ont retenu que la notion de vue et se sont focalisées sur la communication au détriment de la logique interne du système.
Pour qualifier ces domaines structurant la réalité de l’entreprise, indépendamment de l’observateur, Praxeme a retenu le terme « aspect ».

Illustration de la différence entre aspect et vue

Cette distinction, essentielle pour la théorie de la connaissance, se révèle dans l’usage des deux termes et dans les qualificatifs qui les accompagnent. Nous l’illustrons, dans ce paragraphe, à propos de l’aspect intentionnel tel qu’il est défini dans la Topologie du Système Entreprise. Cet aspect, le premier dans l’ordre des déterminations, rassemble toutes les expressions de la volonté de l’entreprise : ses valeurs, ses objectifs, les exigences, les indicateurs (souvent intimement associés aux objectifs), son vocabulaire.
Praxeme n’impose pas de structuration de cet aspect. La méthode se contente de distinguer les types d’éléments d’intention, laissant la possibilité de structurer cet aspect comme on l’entend. Il y a donc une décision d’architecture à prendre aussi pour l’aspect intentionnel :

  • soit on le structure par les sources (les émetteurs ou les documents d’origine qui comportent souvent des éléments de plusieurs natures),
  • soit on opte pour un critère propre, avec une notion de domaine comme pour n’importe quel autre aspect.

Ainsi, l’aspect intentionnel possède sa propre structure et obéit à ses propres lois qui ne reflètent pas nécessairement les usages. Dès lors, il devient intéressant de définir des vues qui faciliteront la communication avec des acteurs de profils précis, par exemple :

  • une vue éthique, centrée sur les valeurs de l’entreprise et comportant également leurs impacts sur les autres aspects du Système Entreprise ;
  • une vue métrologique, composée des indicateurs, de leurs liens avec les objectifs de transformation et, aussi, de leur projection vers les concepts métier, les activités ou tout autre type d’élément dans les autres aspects ;
  • une vue terminologique, exprimée par le thesaurus de l’entreprise et montrant, outre les termes, les liens de traçabilité qui les relient à d’autres éléments.

Ces sous-produits que sont les vues répondent à des besoins de communication et de manipulation ; elles sont donc associées à des utilisations. La méthode doit satisfaire ces besoins sans altérer la logique de structuration interne du Système Entreprise. C’est ce qu’elle obtient en distinguant les deux notions d’aspect et de vue.

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Praxeme, la méthode publique

Praxeme est une méthodologie de transformation d’entreprise issue de l’initiative pour une méthode publique.

 

L’initiative a été lancée en 2004  et portée par l’association à but non lucratif, le Praxeme Institute.

Dominique Vauquier et Fabien Villard animent cette initiative, depuis son origine.

Le Praxeme Institute accorde, à la SAS Praxademia, la qualité de contributeur, conformément aux statuts de l’association. Au fil des ans, la contribution est une des plus importantes qui ont alimenté le fonds public. Elle comprend  :

  • de nombreux composants de la méthode (guides méthodologiques écrits par Dominique Vauquier, fiches de procédés…) ;
  • la promotion de la méthode à travers des articles, des conférences ainsi que des interventions dans l’enseignement supérieur ;
  • le développement et l’entretien des dispositifs de communication par Fabien Villard (site web de l’association, wiki, blogs) ;
  • récemment, le développement de la qualification Praxeme.

Pour plus de détail, voir une introduction à la méthodologie d’entreprise.